La Brigade c’est deux amis d’enfance, un school bus retapé en hôtel itinérant, une année de voyage à travers 15 pays d’Amérique latine, des aventures et des brigadiers ! Le Magazine du Voyageur a eu la chance de pouvoir interviewer Paul, l’un de nos deux compères, qui nous a accordé un peu de son temps pour répondre à quelques questions lors d’une escale en Équateur à 3 800 mètres d’altitude !
Voilà un concept qui va totalement vous dépayser et surtout vous permettre de vivre des vacances pas comme les autres si vous décidez de rejoindre La Brigade ! Embarquez à bord d’un school bus de 1994 entirèrement rénové et aménagé en véritable hôtel itinérant ! Nous vous proposons de découvrir l’aventure complètement folle dans laquelle Benoit Lafond et Paul Aubert se sont lancés il y a maintenant un peu plus de 6 mois.
INTERVIEW
Pourrais-tu me résumer le concept de votre projet et me dire d’où l’idée vous est venue ?
À la fin de nos études, on avait pour idée de se lancer dans un voyage. Un voyage mais pas seulement, on voulait faire quelque chose d’un peu plus spécial, avec une particularité.
L’idée a émergé lorsque j’ai rejoint Benoit à San Diego où il y effectuait un stage. Tous les jours on voyait des school bus nous passer sous le nez et un jour Ben m’a dit « qu’est-ce que tu en penses si notre idée on la met sur roues et qu’on traverse toute l’Amérique latine ? »
On a ensuite cherché à savoir s’il existait déjà des gens qui avaient converti des school bus en « hôtel », « maison », en gros savoir s’il y avait des exemples. On a trouvé trois projets qui nous ont inspiré :
- Hank Bought A Bus : C’est un étudiant en architecture qui, pour son projet de fin d’étude, a refait l’intérieur d’un school bus tout en bois, de façon très ergonomique et modulable. On a énormément apprécié ce projet là.
- Expedition Happiness : Ils appelaient leur projet le loft on wheels et sont partis d’Alaska et pour s’arrêter à Cancun. Ils ont vraiment fait un super travail à l’intérieur de leur bus qui est exactement le même que le nôtre en terme de dimensions, puisqu’il fait 12 mètres de long sur 3 mètres de haut et 3 mètres de large.
- The Nomads Bus : C’est un couple avec une petite fille qui ont fait un hôtel itinérant mais lui, en Europe. Ils offrent ce service depuis 2 ans maintenant et pour l’instant ils n’ont pas prévu de s’arrêter parce qu’ils apprécient un peu trop cette façon de vivre !
Donc voilà, c’est un peu parti de là tout ça, on avait envie de voyager, on a trouvé ce moyen qui pouvait être marrant. On voulait aussi pouvoir allier nos passions communes, la photo et la vidéo et recevoir des voyageurs afin de développer notre petit côté entreprenariat qui nous amuse aussi tous les deux !
Avec tout ça réuni, on avait plus qu’à se lancer quoi !
Ce projet a dû vous demander pas mal de préparation, depuis combien de temps travaillez-vous dessus ?
La préparation du projet pur nous a pris un an et demi. On a préparé un maximum en amont ne plus avoir qu’à acheter le bus et le convertir dès notre retour aux États-Unis.
On a donc contacté une centaine de partenaires, on s’est également renseigné sur les différents bus qui existent, leurs tailles… Enfin, on a réalisé une bonne cinquantaine de plans différents pour trouver la meilleure option pour l’intérieur de notre bus. On voulait un espace assez ouvert, convivial, ergonomique et chaleureux.
Une fois notre projet ficelé, on est parti le 4 janvier 2017 destination San Diego. Puis, le 10 janvier nous somme partis pour Phoenix, en Arizona, c’est là que l’on a trouvé et acheté notre bus. Le 11 janvier, de retour à San Diego, nous sommes allés nous installer dans un ranch un peu plus au Nord, à Encinitas.
À partir du 12 janvier on a commencé à convertir notre school bus. La conversion a duré jusqu’au 13 mars. Et, ce même jour, on a fait une grosse journée barbecue pour présenter, à tous nos partenaires et toutes les personnes qui nous ont aidées, ce qu’on avait réussi à faire.
Enfin, juste avant de partir, on a également dû convertir notre school bus aux yeux de la législation américaine. Le bus étant un bus commercial, on l’a converti en RV (Recreational Vehicle) – ou l’équivalent d’un camping car en France – ce qui nous donnait à ce moment là l’autorisation de le conduire et de transporter des passagers sans repasser de permis.
Pour résumer, la préparation nous a pris un an et demi, puis on a passé deux mois et demi à travailler sur le bus et le 14 mars on traversait la frontrière mexicaine… c’est là que notre aventure a commencé !
Et en terme de financement, comment avez-vous géré cela ? Par le biais de partenariats ?
Les partenaires nous ont plutôt fourni du matériel, comme par exemple, Goal Zero qui nous a donné du matériel solaire, MyCanoe des canoes pliables, et Flooret – une compagnie américaine – nous a offert tout le parquet du bus.
Les partenaires nous permettent d’offrir un maximum d’activités au sein du bus et ainsi d’essayer d’avoir le petit plus qui fait la différence pendant le voyage !
La partie financement c’est nous qui l’avons faite durant l’année et demie de préparation qu’on a eu avant de partir.
On a tous les deux travaillé, Benoît à Paris dans une Start-Up et moi à Rio pour les Jeux Olympiques. Donc pendant un an et demi on a essayé d’économiser assez d’argent pour partir à San Diego et pour pouvoir acheter le bus et le convertir.
L’intérêt de notre projet, c’est qu’on peut continuer de voyager grâce aux voyageurs que l’on reçoit. Par semaine, les voyageurs qui rejoignent La Brigade paient entre 500 € et 750 € ce qui nous permet de continuer notre voyage pour rejoindre Rio pour le carnaval !
On a également utilisé un site de crowdfunding pour récolter assez de fonds pour faire traverser Natasha entre le Panama et la Colombie et ainsi pouvoir continuer à suivre l’itinéraire prévu.
Notre campagne crowdfunding sur KickStarter a très bien fonctionné. Ça a aussi été aussi un moyen pour nous de communiquer sur notre projet et de montrer que ce n’était pas seulement deux amis qui voyageaient, mais que c’était vraiment une nouvelle façon de voyager !
Natasha c’est le nom de votre bus, y a-t-il une anecdote derrière ce nom ?
Je ne sais pas si on peut vraiment le dire ici, cela vient d’une blague du film Dikkenek. Je n’en dirai pas plus et ceux qui connaissent ce film verront l’allusion !
Cela vient aussi d’une anecdote avec un voisin retraité qui était très sympathique et qui a travaillé toute sa vie dans le fait de rénover des voitures.
Un jour il est venu nous voir et nous a dit « ben alors comment vous allez l’appeler« , on lui a dit que l’on hésitait entre George et Natasha. Il nous a alors dit « ben vous faites comme vous voulez les gars, mais moi si je devais conduire un véhicule comme ça pendant un an, je préfèrais que ce soit une Natasha ».
Finalement le jour où on lui a présenté le bus, on lui a dit vient derrière et on lui a montré son nom « Natasha », ça l’a fait bien rire, nous aussi et Natasha ça nous va très bien !
Vous avez dû avoir quelques galères ou mésaventures jusqu’ici. Peux-tu m’en raconter une qui t’a vraiment marquée ?
On n’a jamais eu de problème de sécurité, on ne s’est jamais senti en insécurité notamment dans les pays les plus dangereux comme l’Honduras, mais on a eu quelques petites galères. Une qui m’a énormément marquée c’était dans la descente du lac Atitlan au Guatemala. C’est une très grande descente et le bus est très lourd.
Pour que vous comprenez le contexte, le bus fait 13 tonnes, il est équipé de freins à air et d’une boîte automatique. Donc on n’a pas de bon frein moteur et les freins à air sont des freins qui utilisent des bonbonnes d’air qui se rechargent. Ce qui fait que si tu n’as pas de frein moteur tu consommes toute l’air qui est dans ton compresseur qui est dans ton moteur.
Voilà, donc là on descendait très doucement mais on ne pouvait pas à s’arrêter. D’un côté il y avait un ravin de 100 mètres et de l’autre la montagne. Devant nous une voiture s’est arrêtée en plein milieu d’un virage, pour l’éviter on a dû donner un petit coup de volant et on s’est retrouvé bloqué par la barrière de sécurité une des roues arrières dans le vide, au dessus du ravin de 100 mètres. À ce moment là on n’était pas très serein, Benoît était au volant, le pied sur le frein. Heureusement des bus exactement comme le nôtre mais à la mode guatémaltèque – peinturluré de partout – avec leurs chauffeurs un peu plus fêlés que nous ce sont arrêtés pour nous aider. Ils nous disaient « braque, braque à fond recule, recule, recule », ce que Benoît a fait très bien, on a vu la protection tomber, dévaler les 100 mètres et notre roue repartir sur la route…
Cet épisode fut un peu stressant parce qu’on s’est dit que là ça pourrait être la fin du projet et on n’avait pas du tout envie de s’arrêter ici, au Guatemala !
Avez-vous déjà réfléchi à l’après ?
On a vu pas mal d’engouement autour de notre projet et surtout autour de cette nouvelle façon de voyager. On est donc en train de réfléchir pour développer une possibilité de faire matcher les gens qui veulent voyager de cette façon différente avec les gens qui ont un véhicule d’un autre côté et qui cherchent à voyager avec d’autres personnes.
L’avantage avec ce nouveau moyen de voyager c’est d’une part une sensation de liberté, avec d’autre part le côté rassurant d’être pris en charge.
Liberté, parce que tu peux te déplacer comme tu veux, tu peux ranger tes affaires dans des placards, manger tes petits plats tranquillement et dormir dans de bons lits avec une belle couette et un bon oreillet…
Prise en charge, car tu peux profiter de faire énormément d’activités, comme par exemple, dans notre offre, nous proposons à nos brigadiers des activités telles que le canoé, le paddle, on a aussi du matériel de pêche et ils peuvent également s’initier à la cuisine locale…
C’est donc ce nouveau moyen de voyager qu’on souhaiterait développer.
Et là, grâce à notre expérience, on a un créneau parce que on a d’un côté les demandes, des gens qui veulent venir en voyage avec nous et de l’autre côté on développe un réseau de gens possédant des véhicules et intéressés pour se lancer dans cette aventure !
Et qu’adviendra-t-il de Natasha ?
Heuuuu, c’est une question compliquée… Il ne faut pas trop en parler… On ne sait pas tellement.
Bien évidemment on souhaiterait la ramener en France, mais on est face à deux problématiques : la première concerne les réglementations européennes qui sont bien différentes de celles d’Amérique latine et la deuxième concerne le fait de ramener Natasha. Il faudrait la transporter en ferry et ça aussi c’est un coût assez important, il faut donc qu’on réfléchisse à tout cela.
Mais l’idéal ce serait de la ramener en France… J’aimerais l’avoir dans mon jardin en région parisienne, et que Natasha puisse être l’ambassadrice de cette nouvelle idée que l’on voudrait développer.
Et pour encore plus d’informations sur La Brigade ou tout simplement pour booker votre prochaine évasion avec eux, consultez leur site Internet dédié à leur projet ou bien leurs pages Facebook et Instagram !
Bravo ! superbe projet . Tous mes voeux vous accompagnent . Vous me faites rêver ! malgré le fait que je sois une mamie !
Bonjour Jeanne,
Merci pour eux ! Vous savez, si l’envie vous prend, vous pouvez toujours rejoindre l’aventure. Il n’y a pas d’âge pour voyager 😉
Bonne journée !