C’est sur le salon des blogueurs du voyage que nous avons rencontré Daphnée, une jeune femme rayonnante et voyageuse aguerrie. Malgré son handicap, elle n’a jamais renoncé à sa passion pour le voyage bien au contraire ! Au travers de son blog 1 parenthèse 2 vies elle nous confie sa vision du handicap ainsi que ses expériences voyages en France et à travers le monde. Aller, on arrête de vous faire languir, voici son histoire !
Et si tu commençais par te présenter à nos lecteurs ?
Ahah oui, ça peut être un bon début en effet. Je m’appelle Daphnée, j’ai 25 ans pour encore quelques jours et je vis dans la région Centre : loin de rien au milieu de tout, pratique quand on ne tient pas en place ! J’ai un chat bavard, une famille dont je suis très proche, des copains avec qui je sors beaucoup. Enfant heureuse, j’ai très vite beaucoup écrit et lu. Découvrir de nouvelles choses, de nouveaux paysages, de nouvelles personnes… me passionne depuis toujours : j’aime être émerveillée, ce que je suis facilement (ça tombe bien non ?). J’adore les pains au chocolat, les bébés paresseux, faire mes courses alimentaires et je suis contrariée si je n’ai pas fais mon lit le matin (chacun ses petites manies). À part ça, je suis en fauteuil depuis cinq ans (voiture et plaque de verglas ne font pas bon ménage, dommage.)
Pourquoi il te tient à cœur d’entretenir un blog autour de l’accessibilité en voyage ?
Mon blog “1 parenthèse 2 vies” traite de tout ce qui concerne le handicap, de façon optimiste. Pour ce qui est de l’étranger, je voyage depuis que j’ai, je ne sais pas… douze ans ? Et lorsque j’ai dû traverser la période hôpital/rééducation qui a duré deux ans, j’ai été obligée de faire une pause dans mes allers et venues. Mais comme j’ai décidé de ne pas moi-même considérer mon fauteuil comme étant un frein (et que je suis du genre déterminé), dès que je suis revenue à la vie “normale”, il ne m’a pas fallu longtemps pour repartir à l’aventure. Seulement je sais combien cela peut être inquiétant lorsque l’on a un handicap : le monde ne nous est pas adapté et l’on se pose un million de questions sans oser se lancer. Mon but est de répondre aux plus d’interrogations possibles et de montrer que ça va, c’est non seulement faisable, mais ça peut être aussi enrichissant qu’avant/que pour n’importe qui d’autre.
Perçois-tu un engagement favorable autour de ta cause au sein de la blogosphère ?
Sous un conseil que m’a donné mon frère aîné lorsque j’étais encore ado, c’est en ayant de bonnes intentions que l’on en tire le meilleur des gens. En étant positive, en expliquant les choses simplement et avec le cœur, il n’est pas difficile de se faire entendre. Il faut juste faire le premier pas car le handicap n’est pas encore une question automatique si l’on n’y est pas confronté. Je ne suis encore jamais tombée sur quelqu’un qui ne voulait rien savoir du sujet par pur dédain. Et en même temps, je n’ai de mon côté jamais “attaqué” quelqu’un parce qu’il avait mal fait ou pas fait du tout. La parole est l’un des plus beaux privilèges auquel l’Être humain a eu droit : autant l’utiliser pour dialoguer et aller de l’avant !
Dis-nous tout sur tes habitudes de voyage : seule ? Accompagnée ?
Avec quel transport ? Dans quel type d’hébergement ? Bref, on veut tout savoir !
Tout ? Mais c’est un roman que je vais écrire !
Deux cas différents : Si c’est en France, c’est parfois entre amis, parfois seule, parfois en famille. La plupart du temps, je pars avec Citrouille (ma voiture).
Si c’est à l’étranger, jusqu’ici ça a toujours été avec des amis (c’était le cas aussi quand j’étais valide). Je sais que certains pays seraient difficiles seule (Canada par exemple) mais il y a d’autres coins dans lesquels je retournerais non accompagnée sans aucune appréhension (Vienne ou New York par exemple). Oh et là les modes de transport sont variés. J’y vais en avion et puis sur place c’est car, bus, métro, bateau…
Concernant l’hébergement ? À l’hôtel, chez les copains, en airbnb… J’aimerais bien tester des lieux insolites… à suivre !
Quelles sont les difficultés que tu rencontres lorsque tu voyages ?
Mmmmh… L’organisation est un peu longue peut-être (trouver un logement qui réponde aux besoins, parcourir les sites et blogs pour trouver des infos côté accessibilité, préparer le trajet en avion, les papiers, les ordonnances…)? Autrement… Je ne sais pas, j’ai une mémoire très sélective qui a tendance à ne garder que le meilleur (plutôt pratique) alors je ne me souviens pas avoir déjà vraiment galéré. Ce sont souvent soit des détails, soit des exceptions : des endroits pas accessibles, des adaptations qui ne fonctionnent pas ou pour lesquels les personnes en charge ne sont pas formées pour s’en servir, une chambre d’hôtel qui ne correspond pas… Si ! Je crois que le plus ennuyeux c’est les histoires de vessie et d’avion. Les toilettes n’étant pas accessibles pour moi, je n’ai pour le moment pas pris le risque de faire un trajet de plus de 7h… Je suis en pleine réflexion à ce sujet en ce moment.
Dans combien de pays as-tu voyagé ? Quel est ton meilleur souvenir ?
En fauteuil seulement ou tout confondu ?
Tout confondu je suis allée dans 9 pays, dont les États-Unis où j’ai passé du temps dans 5 états différents. En fauteuil, je n’en ai fait que 4 pour l’instant. Mon meilleur souvenir ? Il faut vraiment que je choisisse ? Mon road-trip en Californie/Arizona/Nevada/Floride marquait ma dernière colo avec des personnes avec qui je partais depuis toute petite, c’était intense à tout point de vue ! Humainement parlant j’ai été très touchée par la Thaïlande à une époque où ça n’était pas encore devenu le pays touristique que c’est aujourd’hui. J’ai été marquée par mon voyage à Chypre car c’est celui qui m’a donné le goût du lointain et parce que l’image de la frontière turc qui existait alors, avec d’un côté le lumineux, vivant et coloré, de l’autre les ruines, le vide, silencieux et sombre restera à jamais dans ma mémoire. New York a été mon premier départ en tant qu’handi. Le Canada j’y ai vécu des choses incroyables malgré mon fauteuil (voir des baleines ou faire du vol en soufflerie notamment) et Vienne… j’ai eu un réel coup de cœur pour cette ville qui me donne envie et d’y retourner, et d’aller voir plus loin dans le pays et ceux voisins.
Qu’attends-tu de tes voyages ? Autrement dit, quelles sont les motivations qui t’invitent à voyager ?
La découverte, l’apprentissage, les belles images à tapisser sur les murs de ma mémoire. Tout m’intéresse ! L’Art, l’Histoire, les légendes, la culture, les spécialités, l’architecture, les secrets, la nature… tout ! Se rendre sur place vaut n’importe quel bouquin scolaire ou touristique ! Et puis cette envie de partager, de donner envie, de montrer que c’est possible qui me colle à la peau.
Quelle est ta prochaine destination ?
Je vais pas mal me balader en France cet été, je fais un saut de quelques jours en Belgique début juin et ensuite… Brésil ? Un peu plus tard dans l’année peut-être…
Quels conseils donnerais-tu à ceux qui aimeraient se lancer dans l’aventure mais hésitent encore ?
Pourquoi hésiter ? Si vous en avez envie, faites-le, même sans avoir toutes les précisions tout de suite, même sans être tout à fait sûr : si ça vous titille, mettez-vous au pied du mur. Il y a plein de super blogs qui donnent des bons plans, des bonnes adresses, des parcours sympa… Et rien n’empêche d’envoyer un mail avant de partir à tel ou tel endroit pour demander si c’est accessible. Partez avec quelqu’un en qui vous avez confiance, surtout la première fois, et vous verrez qu’en réalité une fois lancé ça roule. Si l’on est un peu débrouillard, il y a toujours moyen de s’en sortir en cas de soucis, et les gens sont beaucoup plus bienveillants et enclins à nous aider que l’on s’imagine parfois. Bien sûr personne n’est à l’abri d’un problème sérieux mais d’une part si l’on a fait les démarches qu’il faut, on ne peut pas toujours faire plus sinon prendre son mal en patience, et d’autre part avec des “si” certains ne font rien de leur vie. Ce serait dommage, il paraît qu’on en n’a qu’une 😉
Vous l’avez entendu ? Foncez !
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Crédit : 1 parenthèse 2 vies, GIPHY