Originaire d’Orléans, Astrid est une jeune femme de 31 ans qui voyage autour du monde depuis 2013. En août 2016, elle nous avait déjà accordé une interview sur le fait de voyager sans argent. Aujourd’hui, elle nous parle de son tout dernier exploit : la traversée de la Route de la Soie en auto-stop, un parcours de 9 mois à travers 10 pays reliant la Chine à la Turquie sur plus de 35000 kilomètres !
INTERVIEW
La Route de la Soie traverse des pays très peu touristiques comme le Kirghizistan, le Tadjikistan et le Kazakhstan. Pourquoi avoir choisi un tel parcours ?
Retracer cet itinéraire mythique était un vieux rêve que j’ai eu la chance de réaliser en compagnie de José, un ami. J’imaginais voyager le long d’un parcours semé d’aventures, entre déserts et montagnes, à l’image des caravanes d’antan. Le côté sportif de l’aventure fut au rendez-vous, quant aux chameaux, si nous en avons aperçu quelques-uns, ils étaient surtout destinés aux touristes. Nous sommes en effet de plus en plus nombreux à nous lancer sur la route, y compris à travers ces pays qui sortent pourtant des sentiers battus.
As-tu rencontré des difficultés à faire de l’auto-stop ? Y a-t-il eu des moments où tu es restée bloquée à cause du manque de passage ou de la méfiance des locaux ?
La grande majorité du trajet a été très facile, les conducteurs s’arrêtant volontiers. Certaines portions de route ont toutefois été épiques, notamment le passage de frontière entre le Kirghizistan et le Tadjikistan sur la célèbre Pamir Highway, où nous avons attendu plusieurs jours car personne ne passait par là. Nous avons finalement dû payer un transport en commun pour rejoindre Murghab, la première ville tadjike, avant de pouvoir rejouer du pouce. Je ne crois pas avoir ressenti une quelconque méfiance au long du parcours. Les habitants ont été, presque sans exception, accueillants et chaleureux.
Pourquoi avoir choisi de parcourir une telle distance en auto-stop ? Qu’est-ce que cela a apporté à l’expérience ?
Je crois qu’avant de partir, nous n’avions pas vraiment réalisé que l’ampleur de notre projet était si importante. Si l’on trace une ligne droite entre Xi’An (en Chine) et Istanbul (en Turquie), le trajet compte bien moins de distance. Néanmoins, nous sommes partis de Phuket (en Thaïlande), et avons terminé l’aventure à Orléans après des dizaines de détours, c’est pourquoi nous avons été surpris par le décompte final des kilomètres. Cela nous a apporté énormément de rencontres et de souvenirs que nous ne sommes pas près d’oublier. De plus, nous savons aujourd’hui qu’avec le temps, tout est possible !
As-tu une ou deux anecdotes à partager avec nous ?
La question est difficile, car je ne sais quelle anecdote choisir. Toutefois, le premier pays qui me vient à l’esprit est l’Iran, où nous avons vécu des moments intenses avec les habitants. Chaque soir, une famille nous ouvrait sa porte spontanément et attention, impossible de refuser l’invitation ! Les Iraniens ont tous mis un point d’honneur à nous accueillir de leur mieux, et à partager avec nous un peu de leur vie et de leur culture. Maintes fois, nous avons été touchés de recevoir tant de générosité et de bienveillance : une belle leçon de vie.
Le fait d’être une femme rajoute-t-il des difficultés à l’aventure ? Est-ce plus dangereux ?
À mon avis, le danger le plus réel lorsque l’on fait du stop est l’accident de la route. Dans beaucoup d’endroits, les infrastructures routières sont mal entretenues et le code de la route est appliqué avec beaucoup de négligence, sans parler de l’alcool au volant. Concernant le fait d’être une femme, cela n’est pas un handicap, et rend même bien souvent le voyage plus facile. Cependant, José et moi nous sommes séparés plusieurs semaines en fin de parcours, et je dois bien reconnaître avoir vécu dans le Caucase puis en Iran, quelques frayeurs avec des conducteurs plus qu’irrespectueux. Malgré mes nombreuses années de voyage en solo et en auto-stop, à travers tous les continents, je n’avais jamais vécu une telle expérience.
Peux-tu nous raconter ton plus beau souvenir sur la route ?
Encore une fois, c’est tellement difficile de choisir ! Généralement, lorsque l’on me demande quel endroit ai-je préféré, je réponds que nos débuts en Chine ont été extraordinaires, le peuple chinois étant plein de jolies surprises. Je rajoute ensuite que l’Asie Centrale a également été une étape incroyable, tant grâce à ses paysages qu’à ses habitants. Puis je repense au Caucase et je me dis que là aussi, j’y ai vécu des moments inoubliables. Je regrette ensuite de ne pas avoir mentionné l’Iran et la Turquie avant de me raviser : je crois qu’un peu partout dans le monde, on trouve ce que l’on y cherche, et que les Hommes sont pour la plupart de belles personnes, bienveillantes et fraternelles.
Tu es rentrée de Turquie il y a trois mois. Prévois-tu déjà un nouveau voyage ? Quels sont tes projets ?
Depuis mon retour, j’ai déjà eu l’occasion de reprendre la route, en Allemagne, en Suisse et en Autriche. J’ai également beaucoup vadrouillé en France afin de retrouver des proches qui m’avaient manqué. Dans quelques jours, je me rendrai en Islande, avant de revenir à Orléans pour débuter une longue marche en direction de St Jacques de Compostelle : depuis 2013, je suis nomade et je ne reste donc jamais très longtemps au même endroit.
Un petit mot pour conclure ?
Le voyage a été la plus belle école que j’ai pu fréquenter. La confiance que je porte aujourd’hui à autrui, à cet inconnu que je crois bon sans le connaître encore, est une chance que je souhaite à tous de pouvoir ressentir un jour. Le monde n’est pas si mauvais, et le découvrir de ses propres yeux est un inestimable cadeau de la vie. Quant à ce dernier voyage que nous évoquions, si certains lecteurs veulent approfondir le sujet, je les invite à lire le bilan de mon aventure retraçant l’itinéraire de la Route de la Soie, afin d’en savoir plus !
N’hésitez pas à consulter notre interview Voyager sans argent – les secrets du freeganisme par Astrid d’Histoires de Tongs pour en apprendre plus sur Astrid et sa philosophie du voyage !