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Ces dernières années c’est le tourisme humanitaire, aussi appelé volontourisme, qui est tendance. Une façon de voyager qui concilie en même temps mission humanitaire et tourisme. Mais attention à ne pas se laisser avoir par des opérateurs sans scrupules déguisés en ONG promettant des voyages pour changer le monde en un meilleur endroit d’un coup de baguette magique !

Les sacro-saints congés payés de trois semaines en juillet ou en août pour partir se la couler douce à la plage, cela n’attire plus vraiment les jeunes. Et même les autres générations ont tendance à délaisser les vacances-détente au profit de voyages avec un vrai but, une motivation, voire un défi, le concept même du tourisme humanitaire.

Tourisme humanitaire

Son principe est simple et séduit avant tout les jeunes qui souhaitent découvrir du pays tout en réalisant quelque chose dont ils peuvent être fiers. Il s’agit généralement de missions de quelques semaines dans des régions peu développées d’Afrique ou d’Asie, telles que donner des cours de langue à des écoliers cambodgiens, ou encore assister les enfants d’un orphelinat en Haïti, quelques exemples parmi tant d’autres.

Volunteer teaching in a school

Les sentiments qui poussent à s’engager ainsi sont généralement nobles. Mais des tours opérateurs peu scrupuleux ont immédiatement compris la manne potentielle représentée par cet engouement pour les causes humanitaires. Ils proposent des séjours généralement onéreux et les actions menées sur le terrain se révèlent généralement inefficaces, voire totalement désastreuses pour les populations locales. Le vaisseau-amiral de cette flotte malfaisante, c’est Projects Abroad, leader du « tourisme humanitaire ».

Tout le monde ne peux pas aider…

Face à l’amplification de ce phénomène, une fronde s’est levée l’année dernière, menée par de vrais professionnels de l’humanitaire. Préoccupée, l’ONG Solidarités international a tenté de dissuader les jeunes de se lancer dans cette aventure, tel Tintin au Congo, au moyen de cette vidéo qui a fait mouche.

Signe que le phénomène dépasse largement les frontières de la France, une ONG norvégienne d’aide humanitaire (SAIH) réalise elle aussi des vidéos percutantes pour mettre en lumière les stéréotypes attachés à l’engagement humanitaire en Afrique. Parmi elles, le clip « Africa for Norway », qui incite les Africains à offrir des radiateurs aux Norvégiens ou encore la parodie « Qui veut gagner un volontariat en Afrique ? ».

La fronde des ONG a été largement relayée par les médias qui n’ont eu aucun mal à glaner les témoignages édifiants de jeunes de retour d’une expérience de volontourisme.

A l’instar de Ludivine qui, dans L’Express, racontait son décevant volontariat à Phnom Penh au Cambodge où elle dispensait des cours d’anglais dans un orphelinat : « Finalement, on reçoit toujours bien plus que ce que l’on donne. Mais si on veut être utile, autant apporter un vrai bagage, plus que de la bonne volonté et sa propre personne ».

Les photos choquantes aussi se sont multipliées pour dénoncer la démarche parfois égoïste et voyeuriste de ce genre d’expérience. Par exemple, les clichés montrant des volontouristes américains se prenant en selfie avec les enfants « sauvés » à Haïti sont édifiantes.

Dans un article au vitriol intitulé « Tourisme humanitaire : la vraie fausse pitié », le journal Libération interrogeait l’été dernier Rony Brauman, un des pionniers de l’humanitaire à la tête de Médecins sans frontières (MSF). Il y dénonçait « l’exploitation cynique des bonnes volontés » par ces nouveaux acteurs.

« Faire de l’humanitaire, c’est faire quelque chose de bien pour l’autre, c’est une attitude sociale légitime […], explique-t-il. Pourquoi vouloir fixer au voyage un autre but que la découverte de personnes, de paysages, de saveurs ? Faire du tourisme en se sentant investi d’une mission, pour être gentil, pour jouer au père Noël avec des livres, des stylos et des médicaments disqualifie le voyage en lui-même. La dissymétrie du rapport rend d’emblée la rencontre impossible. Ce n’est pas de l’ouverture, mais de la condescendance. »

Comment ne pas tomber dans le panneau ?

A ce stade l’article, une mise au point est nécessaire. Tourisme responsable, durable, solidaire, éthique…, tout n’est pas à jeter ! Des opérateurs touristiques organisent des voyages qui répondent parfaitement au Code mondial d’éthique du tourisme adopté en 1999 par l’Assemblée Générale de l’Organisation Mondiale du Tourisme. Celui-ci stipule, entre autres, que « les activités touristiques doivent être conduites en harmonie avec les spécificités et traditions des régions et pays d’accueil, et dans l’observation de leurs lois, us et coutumes ».

Des tours opérateurs entendent donc continuer à développer un tourisme plus engageant auprès des populations des pays visités, mais en partenariat total avec les autorités et les sociétés civiles locales !

Vous hésitez sur tel ou tel organisme qui vous promet un voyage inoubliable pour vous et dont le monde vous remerciera ? La première question à se poser est de savoir si il s’intègre dans un réseau de professionnels responsables. Agir pour un Tourisme Responsable (ATR) réunit des professionnels du voyage engagés dans le développement durable qui proposent des voyages respectueux de la planète et de ses habitants.

L’Association pour le Tourisme Équitable et Solidaire (ATES) recense sur son site tous les organisateurs de voyages qui s’inscrivent dans une logique de développement des territoires.

Tourisme volontaire

Enfin, n’oubliez pas qu’il existe d’autres moyens de partir en volontariat et en mission humanitaire, pour cela vous pouvez lire notre article proposant 6 façons de partir en mission humanitaire.

Crédits : Shutterstock, Instagram, YouTube

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