Gravir 30 sommets culminant à plus de 3000 mètres d’altitude, l’année de ses 30 ans. Voici le défi un brin “original” que s’est lancé Guillaume, un trentenaire de la dernière pluie. En tout cas c’est une résolution qui a de l’allure, n’est-ce pas ?
Signe incontestable de sa popularité, Guillaume collectionne les surnoms amicaux. Parmi d’autres, “le Kid”. Le Kid est le genre d’hommes qui à l’exiguïté des boites de nuit parisiennes préfèrent les paysages ouverts. Des paysages qu’il admire depuis les cimes des sommets qu’il conquiert vaillamment, sans en tirer de gloire outre mesure, par ailleurs. Mais, laissons-le plutôt nous raconter avec ses propres mots ce qui l’a poussé à se lancer dans cette vaste entreprise.
“La montagne nous offre le cadre, à nous d’inventer l’histoire qui va avec”
Ça y’est, j’ai passé le fameux cap de la trentaine et avec, j’ai eu le droit aux remarques – que je suppose habituelles – du style : « tu vieillis », ou bien encore « fini les conneries !». Étant un peu anticonformiste, je me suis dit que ce cap était l’occasion de me prouver – et de prouver à tous mes détracteurs ! – que 30 ans, ça peut-être l’âge de commencer de belles aventures avec ceux qu’on aime.
Passionné de montagne, j’ai secoué ce petit cocktail et j’en ai sorti l’idée de faire 30 sommets de plus de 3000 mètres d’altitude, tout ça dans l’année de mes 30 ans. Pour marquer le coup. Une bonne dose d’aventure, du partage, des défis physiques et moraux, sans oublier un soupçon de victoire chevaleresque pour le finish au sommet feront très bien l’affaire ! (Notez l’ardoise avec l’altitude et le total des sommets réalisés, à la main).
Dans un contexte aseptisé, où tout est programmé, planifié, pris en charge, déresponsabilisant, je me suis dit que ce petit challenge serait le bienvenu : pas de triche avec la montagne, ça passe… ou ça casse. Il faut savoir renoncer, s’incliner et ne s’en prendre qu’a soit même pour que l’aventure puisse continuer. Ça fait partie du jeu. La nature présente depuis des millions d’années, paisible et calme, mais pas docile pour autant. Et en face, « juste » soit même. Une mise à nue qui impose le respect et qui oblige à l’humilité.… Ça remet les pendules à l’heure.
Il n’y a pas de garde-fou dans ces cas-là et le seul arbitre du jeu, c’est encore et toujours soi-même. La victoire que l’on se donne les moyens d’atteindre, du coup, est d’autant plus belle. Quelle satisfaction d’avoir mené à bien cette entreprise de « gravir un sommet » et d’avoir pu la partager avec ses proches. Ce moment est à nous et à personne d’autre ! Un petit instant de postérité qui restera dans nos mémoires (et pas virtuelles, celles-là…), le tout reproduit 30 fois. Quelle chance, vivement mes 80 ans !
Les preuves de ses exploits, accompagnées de ses propres commentaires
Le Semeru, volcan actif, sommet le plus haut de Sumatra avec Fanny. 3676m…
Après une nuit dans abri de tôle pour stocker le sel pour les bergers où la température descendait en dessous de 0°C, nous voilà au Pic du Rochail à 3022.
Paysage de fou en montant au Pic du Mas de la Grave. Bon, j’ai perdu deux ongles de doigts de pieds sur cette sortie… La reprise du ski de rando c’est physique…!
Après être passé dans la brèche de Roland où le vent grondait, soufflait et me faisait tombé, j’ai peiné à sortir l’appareil photo au sommet du Taillon… environ -10°C, et 100km/h de vent… Bilan une chute de 100m de dénivelé sur de la glace en évitant de justesse une barre rocheuse et 3 doigts gelés. J’ai perdu des morceaux de peau pendant 3 semaines et un retour de nuit sans frontale où j’ai bien cru que j’allais devoir me creuser un trou pour dormir dans le montagne… Mais bon, le 7è sommet est validé !
Petit jeu de lumière aux aiguilles d’Arves…
Après l’escalade d’une corniche un peu “stressante” où, sans corde, le passage était un peu limite, on est enfin au col du Pelvo Roux. 3219m.
En haut du petit frère du Rothorn (sans nom, en fait…), à 3070m, avec la team du périple dans le Wildstrubel. A part une intoxication alimentaire, tout était au top ! (c’est pas ce qui se fait de mieux une intox’ sur des skis…)
Souhaitons-lui bon courage et bonne chance pour ses prochaines ascensions. Le rendez-vous est pris dans un demi-siècle, pour ses 80 ans !