Tania Young, journaliste et présentatrice télé, parcourt le monde depuis plus de trois ans à la tête de l’émission Faut Pas Rêver. Entre deux tournages, elle revient pour les lecteurs du Magazine du Voyageur sur son parcours, les joies de son métier et livre un avant-goût de l’émission qui sera diffusée ce vendredi soir, consacrée à la Patagonie.
Bonjour Tania. Pour commencer, pouvez-vous nous dire si vous allez regarder “Faut pas rêver” vendredi soir ?
Je ne regarde pas forcément l’émission quand elle est diffusée parce que je la connais déjà par cœur : je l’ai faite et je l’ai préparée en post-production. De toute façon je n’aime pas trop me voir à la télé au moment où tout le monde me regarde. Mais si je suis chez moi à ce moment là, peut-être que je zapperai un peu. Mais je ne prévois pas une soirée télé devant moi-même !
Devenir animatrice télé, c’est quelque chose que vous vouliez faire depuis longtemps ?
Je ne sais pas vraiment. J’ai fait une école de journalisme qui m’a conduite à la rédaction de Canal+. Travailler pour cette chaîne me plaisait beaucoup. Ensuite les choses se sont faites au hasard de la vie. Je suis assez vite passée à l’antenne et c’est quelque chose qui m’a plu et vers quoi j’ai choisi d’aller. Mais ce n’était pas planifié et ce n’était pas le but de ma vie. Ça ne l’est toujours pas d’ailleurs !
“Donner un maximum de plaisir aux voyageurs”
Comment vivez-vous le fait d’être la présentatrice d’une émission phare de la télévision française ?
Je ne sais pas, je ne me suis jamais dit ça. Je fais mon travail du mieux possible pour être à la hauteur de ce que l’on me demande et pour donner un maximum de plaisir aux voyageurs qui nous regardent. C’est la seule responsabilité que je me donne. Je ne pense pas que mon rôle aille au-delà de la présentation de l’émission et de l’accompagnement du téléspectateur.
Comment décidez-vous des destinations de tournage ?
On commence par éliminer sur le globe tous les pays qu’on a déjà visité ces 4 dernières années (sauf l’Australie, car c’est plus qu’un pays, c’est un continent). On n’enchaîne jamais deux pays qui sont proches géographiquement. Ensuite on prend en compte d’autres critères : les saisons, les situations politiques qui font que certains pays sont moins accueillants… Il y a aussi cette exigence éditoriale : peut-on trouver 5 belles histoires à raconter. Dans certains pays, on pourrait tourner en rond et raconter la même chose. Parfois au contraire, on repousse une destination pour prendre le temps de trouver des bonnes idées et les belles histoires à raconter.
Il y a des pays que vous vouliez couvrir et auxquels vous avez dû renoncer ?
Non, mais par contre il y en a un que l’on a envie de refaire : la Polynésie. Comme on ne traite pas les côtes – c’est le domaine de Thalassa – ça peut prendre du temps de trouver des belles histoires à l’intérieur des terres, mais là c’est bon, je crois que l’on a trouvé de la matière et que l’on pourra lancer le tournage prochainement.
“La Patagonie, une terre de défis”
Pouvez-vous nous donner un avant-goût de l’émission de vendredi en Patagonie ?
C’était génial. Pour tourner les plateaux, nous sommes allés au sud du Chili sur la Carretera Austral, la route qui descend le plus au sud de la Patagonie côté chilien, jusqu’au petit village de Caleta Tortel, pour voir comment les gens y vivent. Pour nous y rendre, nous avons traversés des paysages … comment dire… extraordinaires! C’est dans mon top destinations… peut-être même la première jusqu’à ce jour. C’était magnifique, splendide. Il y a très peu de gens, mais ils sont tous très gentils, très accueillants. Parfois, quand les gens vivent isolés, ils peuvent être distants quand des étrangers arrivent, ou très contents de voir d’autres gens, et là c’était le cas. Du coup les reportages sont aussi très beaux, avec des histoires humaines assez intenses. C’est une terre de défi car c’est une terre à priori hostile. La nature est très présente et il est difficile de circuler car les routes sont peu développées. L’hiver tout est enneigé et les pistes sont fermées. On retrouve cette atmosphère dans cette émission qui est à la fois très gaie, sportive, dynamique, portée par cette Terre de Feu.
Une anecdote au cours de ce reportage ?
J’ai fait un des plateaux les plus physiques de ma carrière à “Faut pas rêver”. Tout au sud, dans le village de Tortel, on a suivi un bûcheron pour couper du cyprès (le village vit de la vente cet arbre). On a grimpé pendant une heure en dehors de tout sentier dans la forêt puis il a taillé des arbres et à la descente, on s’est retrouvé à pousser des rondins dans la rivière avec de l’eau à 8°C jusqu’à la taille (mes bottes m’arrivaient aux mollets, pareil pour le réalisateur)! Nous étions gelés et j’arrivais à peine à parler… C’était malgré tout un chouette moment car on ne s’y attendait pas.
Dans un autre village, nous avons rencontré par hasard un monsieur, Luis, qui nous a invité à entrer chez lui. Il avait des chaussures rigolotes. Je lui ai fait remarquer et il m’a expliqué que c’était des chaussures de danse. On s’est donc retrouvé à danser au milieu de sa maison, avec sa femme qui faisait à manger à côté. C’était un moment un peu étrange et complètement inattendu. Je lui demande :«Ça ne vous étonne pas ce qu’on est en train de faire ?»– Réponse :«Au Chili tout est possible!».
“Le plus touchant, ce sont les rencontres humaines”
Quelle est la séquence dont vous êtes la plus fière ?
C’est difficile à dire…. Les paysages c’est merveilleux, parfois même choquant de beauté. Mais le plus touchant, ce sont les rencontres humaines. J’avais eu une émotion assez forte en Argentine dans la Puna (sur un contrefort de la Cordillère des Andes) : on était allé voir un monsieur de 97 ans qui vivait seul dans sa petite cabane au bord d’un salar (désert de sel). Le médecin qui faisait des grandes tournées nous avait amenés chez lui et c’était très émouvant de partager ça avec lui. Il avait la main dure comme le bois, les yeux voilés. Une telle force se dégageait de cet homme…
Quel est le pays qui vous a le plus marqué ?
Le Chili. L’Amérique du Sud me touche spécialement, mais j’avais aussi adoré le Sri Lanka ou encore l’Équateur. Mais tout me réjouit, j’aime tous les reportages, j’adore le voyage, les rencontres, découvrir. Autant dire qu’avec Faut Pas Rêver, je suis gâtée!
Votre goût pour le voyage, d’où vient-il ?
Mes grands-parents vivaient au Maroc et j’y passais tous mes étés. Dès que j’ai eu 18 ans et que j’ai pu gagner un peu de sous en faisant les saisons, je suis partie en Polynésie, à la Réunion et en Australie. J’ai toujours voyagé dès que j’avais un peu d’argent de côté.
Vous avez encore le temps et l’envie de voyager, hors-émission ?
L’envie oui, le temps non. Voilà (rire). En rentrant d’un tournage en Australie, j’ai profité d’une escale à Singapour pour aller en vacances à Bali. Mais j’ai rarement le temps car les tournages sont très prenants.
Un voyage réussi, cela ressemble à quoi ?
Il ne faut pas forcément aller très loin. Il faut du plaisir, tout simplement. Je rentre par exemple souvent chez moi, dans le Sud-Ouest. Je pars me promener un peu sur la dune dans des endroits où je vais moins fréquemment et je me dis qu’on vit dans un beau pays. Quand je vais dans le Pays-Basque, c’est déjà un voyage.
Je me souviens de votre arrivée à la météo sur Télématin!! Émission beaucoup trop étroite pour vous……!!!!!
Mais quel magnifique rayon de soleil comparé aux autres……présentatrices ( qui s’admirent dans le reflet de la caméra en permanence!).
Tout simplement bravo. Toutes les mamies aimeraient avoir une petite fille aussi talentueuse et professionnelle que vous. MERCI.
Je veux me glisser dans un de tes sacs, Tania. Tu m’emmènes quand?